Juliette Benzoni 30.10. 1920 - 7.2. 2016
 

 

...quelques précieux préfaces et avant propos concernant les livres de Juliette Benzoni

 


Par le Fer ou le Poison
Trévise en 1973
(J'ai Lu 1978)



Préface de
Alain DECAUX

Chère Juliette Benzoni,

Il m’a suffi de tourner un bouton, un soir, pour faire votre connaissance. Il est vrai que c’était à la télévision, où vous affrontiez les questions redoutables de Pierre Sabbagh, pour d’ailleurs en triompher avec une aisance qui me laissa émerveillé. Il s’agissait de la Renaissance italienne, et nul Français ou Française au monde, j’en suis assuré, ne montra autant de science sur ce sujet exaltant, mais difficile.



C’est une femme de la Renaissance, encore, qui me fit vous connaître autrement que par le petit écran : Catherine Sforza. Pour la revue d’histoire que je dirigeais alors, vous me proposiez des recettes de beauté. Dieu sait si elles alléchèrent nos lectrices!

Et puis un jour, vous avez bien voulu m’adresser votre premier roman historique. Il s’agissait d’une certaine Catherine, bien séduisante, qui nous plongeait en plein Moyen-âge. Grâce à vous, j’ai suivi Catherine au long de brûlantes aventures, et pendant cinq volumes. D’un saut, avec Marianne, vous m’avez conduit au temps de Napoléon. Et derechef, je vous ai lue sans songer un instant à me dérober. Avec passion.

C‘est que vous avez un secret, chère Juliette. Toute votre formation vous conduisait vers l’histoire, mais votre tempérament d’écrivain vous prédisposait, partant de faits réels, à la recomposer, cette histoire, au gré de votre imagination. Elle m’apparaît fabuleuse, cette imagination, et pourtant comme vous savez la discipliner! Vous prenez la place de vos héroïnes et aussi bien de vos héros. Avec eux, vous sentez, vous agissez, vous aimez, vous souffrez. Leurs sentiments, les documents d’histoire souvent trop secs ne nous permettent, la plupart du temps, que de les deviner. Vous, vous précisez des contours qui n’étaient qu’esquissés.

Votre secret, c’est que vous allez plus loin – mais que vous savez ne pas aller trop loin.
Je sais comment vous travaillez, comment vous vous préparez. Je sais que vous avez passé cinq années à réunir la documentation de Catherine. Que vous avez dépouillé plus de trois cents ouvrages, constitué des centaines de fiches. Certes, dans le cadre de l’histoire, vous introduisez des personnages fictifs. Mais c’est là le privilège, parfaitement légitime, du romancier historique. Ce que l’historien le plus strict doit vous reconnaître, c’est la volonté de peindre les personnages réels, eux, tels qu’ils furent, et de les faire évoluer dans un cadre parfaitement authentique.

Pour vous reposer de vos grandes fresques, vous vous êtes attachée, dans le présent livre, à des histoires plus brèves. Ce qui ne veut pas dire que leur intérêt soit moindre. Je trouve, dans chacun de vos récits, une belle intensité que , parfois, je me prends à regretter que vous ne leur ayez pas consacré un livre entier. Mais non, c’est vous qui avez raison. La nouvelle est un art. Ici, vous nous proposez des nouvelles historiques et, si nous avons l’impression parfois de rester un peu sur notre soif, c’est parce que vous racontez mieux que personne.

Vous êtes une grande admiratrice d’Alexandre Dumas. Vous voyez en lui votre maître. Vous suivez la même voie que lui: vous aidez à faire aimer l’histoire aux Français.


Le Jeu de l'Amour et de la Mort - PLON 1999



Note de Juliette BENZONI dans
« Un home pour le Roi », tome 1

Comme pour Secret d'Etat le héros de ce roman est un personnage réel, appartenant à l'Histoire mais peu ou mal connu, sinon pas du tout en dépit du rôle important qu'il a joué. Je lui ai seulement prêté un léger supplément d'aventures - mais on ne prête qu'aux riches ! - en introduisant auprès de lui le personnage féminin né de mon imagination.

La Révolution, tout le monde sait à quoi s'en tenir. Mais ce que l'on connaît moins c'est, en marge de toutes les autres ( guerre étrangère, guerre de Vendée, Chouannerie) la lutte secrète, larvée mais impitoyable, qui a opposé les agents secrets royalistes entre eux. J'entends par là les partisans du roi Louis XVI et du petit Louis XVII contre ceux des Princes leurs frères et oncles. Ce livre est un hommage au chef le plus important des premiers, le plus mystérieux et le plus attachant aussi : Jean, le baron de Batz dont je suis la trace depuis longtemps. Gascon, il appartenait à la même souche familiale que d'Artagnan et comme lui, il n'eut jamais qu'un seul maître : le Roi, auquel il vouait respect et affection. Comme lui il maniait en maître l'épée ou le pistolet, mais contre la Convention qu'il voulait abattre il sut employer une arme vieille comme le monde et cependant beaucoup plus moderne : la corruption.


dans la maison de ma chère Juliette - le livre LOUIS XVI de Jean-Christian Petitfils (Perrin 2005)

C'est aussi un hommage à un souverain qu'il est de bon ton de dénigrer voire de tourner en ridicule comme faisaient les courtisans de Trianon. Il fut l'un des plus humains de nos rois. Homme de science - il était peut-être le meilleur géographe de son royaume et pas seulement un serrurier amateur ! -, Louis XVI n'était sans doute pas fait pour porter la Couronne mais, plutôt que de verser le sang de son peuple, il choisit de changer la sienne pour celle du martyre. De mœurs pures, exempt de vices comme de favorites, profondément chrétien, il eut le tort de trop aimer sa femme.

Il abolit la torture, voulut remplacer la Bastille par un jardin, aida une vieille colonie anglaise à devenir les Etats Unis et paya les factures en souffrance de Louis XV et même de Louis XIV. La grandeur de sa mort - il faut avoir lu son testament - aurait dû lui valoir une petite place aux côtés de Saint Louis, un début d'auréole... lui, au moins, n'alluma jamais de bûchers ! Mais l'Eglise a des absences... J.B.


Secret d'État - PLON 1998



Note de Juliette BENZONI
dans
« La Chambre de la Reine », tome 1

Ceci est un roman.
Selon un principe auquel je demeure fidèle, les personnages réels s'y mêlent à ceux de la fiction d'une façon que j'espère agréable.
Cependant, si j'ai suivi le cheminement de l'Histoire d'aussi près que possible, je n'en ai pas moins usé du privilège du romancier afin d'apporter ma coloration personnelle et d'avancer certaines hypothèses, partagées d'ailleurs par d'autres auteurs.
Et puis, après tout, si c'était vrai ?


Les Chevaliers - PLON 2002



Note de Juliette BENZONI dans « Thibaut ou la croix perdue », tome 1

D'ou viennent les Rois de Jérusalem ?
Au commencement était Godefroi de Bouillon que tout le monde connaît et qui prit la Ville sainte en 1099, au cours de la première croisade. On lui offrit d'en devenir le roi, mais il refusa en disant qu'il ne porterait pas couronne d'or là où le Christ avait porté couronne d'épines. Il se contenta donc du tire assez vague d'avoué, lui, d'être couronné et devint Baudouin Ier.
Aucune de ses trois épouses successives ne lui donna d'enfant. Quand il mourut en 1118, les barons de Terre Sainte offrirent le trône à son cousin, Baudouin du Bourg, de la maison de Rethel, qui était alors comte d'Edesse. Et Baudouin du Bourg devint Baudouin II.
De son mariage avec la princesse arménienne Morfia, il eut quatre filles. L'aînée, Mélisende, devait recueillir l'héritage royal, mais ne pouvait régner seule sur une terre aussi turbulente. Sa main et son trône furent offerts à un croisé de très haut rang: Foulques d'Anjou, un Plantagenêt, qui régna de 1131 à 1144.
A son époux, Mélisende donna deux fils. L'aîné devint le roi Baudouin III, de 1144 à 1162, date où la mort le prit, trop jeune. Son frère Amaury lui succéda soul le nom d'Amaury Ier, mais il dut, avant de coiffer la couronne, répudier sa femme Agnès de Courtenay dont la réputation était détestable. Il en avait cependant deux enfants : le petit Baudouin (futur Baudouin IV) et Sybille, dont les droits au trône furent déclarés imprescriptibles. Remarié à la princesse byzantine Marie Comnène, Amaury Ier en eut une fille : Isabelle.
Atteint de la lèpre dès l'âge de neuf ans, Baudouin IV fut cependant sacré en 1173 et devint ce roi héroïque jusqu'au prodige dont on va lire l'histoire... ainsi que celle de ses successeurs. J.B


Le Roman des Châteaux de France
Réédition des livres de 1985 - 1987 (3 livres)
Perrin en 2012
(2 livres) pour la présente édition ISBN : 978-2-262-03659-1



Préface de Stéphane Bern

Que serait la France sans ses fiers châteaux qui constellent notre territoire d’un patrimoine historique et architectural que le monde entier nous envie et que les touristes viennent visiter en masse ? Austères ruines qui défient le temps, forteresse patinées par les siècles, manoirs et gentilhommières aristocratiques qui ont résisté à la folie des guerres et des révolutions, les châteaux français sont les vivants témoins d’un glorieux passé et, s’ouvrant toujours davantage aux visiteurs, ils ne demandent qu’à raconter leur histoire. Sillonnant la France des châteaux au gré des tournages pour la télévision de « Secrets d’Histoire », j’ai pu mesurer l’incroyable richesse patrimoniale qu’ils représentent et, par-delà leur rôle essentiel de conservatoire du beau et des savoir-faire artistiques, ils rendent toute sa saveur à la grande Histoire dont ils ont été, souvent, le cadre grandiose. Derrière les lambris et stucs dorés, les plafonds à caissons, ou les épais murs de tuffeau et les voûtes peintes, il y a la vie trépignant et souvent aventureuse de hauts personnages qui ont écrit des pages du roman national.

Certes, l’histoire est devenue le parent pauvre de l’enseignement, délaissée au profit des sciences dites exactes, mais jamais l’appétence du public n’a été aussi grande pour le récit des grandes heures du passé. Les paroles de l’archiduc Otto de Habsbourg sont restées gravées dans ma mémoire : « Quand les langues se taisent, les pierres parlent encore. » Les châteaux de France sont nos meilleurs livres d’histoire. Ils maintiennent d’autant plus vivante la flamme du souvenir qu’ils sont avant tout des constructions humaines. Des êtres de chair et de sang y ont vécu, aimé, souffert, pleuré, prié, et œuvré sans relâche à leur embellissement tandis qu’ils défendaient un monde ancien, avec ses valeurs familiales et son code d’honneur qui, dit-on, serait englouti aujourd’hui. C’est aussi ce qui fait l’attrait singulier des châteaux, lieux magiques d’une mémoire préservée et réceptacles de toutes les passions humaines : la soif de pouvoir, le désir de plaire, l’art de la conquête, la course à la fortune et la domination. Avec en prime, un grain de folie qui autorisait toutes les audaces et les constructions les plus démesurées.
Derrière l’histoire de tous ces châteaux, il y a des bâtisseurs au destin hors du commun que Juliette Benzoni nous fait revivre avec talent. De sa plume alerte et précise, elle se glisse dans le sillage des rois, princes, seigneurs ou écrivains qui ont nourri des rêves de grandeur et de gloire, et fait construire leur château souvent pour défendre leur territoire, parfois par amour, mais toujours pour s’ancrer dans l’Histoire. A chacun de ces châteaux s’attache une histoire unique, flamboyante, romanesque, et c’est ce qui explique que ces palais d’autrefois continuent d’être habités, sinon hantés. Il fallait toute la maîtrise de cette écrivaine prolifique qui a rendu à l’Histoire toute sa saveur par ses milliers de romans, pour nous entraîner de Vaux-le-Vicomte à Chambord, de Lunéville à Amboise, de Dampierre à Chenonceau, de l’Elysée à Eu et d’Uzès à Chantilly… entrez dans la folle aventure de l’Histoire, le roman vrai des châteaux de France qui s’éveillent par la magie du verbe.
 





Les Chemins de l'Aventure
Réédition du livre de 1963 Aventuries du Passé
2013

Préface de Juliette BENZONI

En bonne native du Scorpion, j’ai toujours ailé les pages plus ou moins obscures de l’Histoire, ses souterrains ses énigmes, ses manteaux couleur de muraille. Sans oublier ses fantômes dans la nuit des châteaux frissonnants, traînant leurs chaînes, leurs draps de lit ou leurs jambes de bois comme celui qui hantait à Combourg le sommeil du jeune Chateaubriand.

Au fond, tous ceux réunis dans les pages suivantes sont du bois dont on fait les spectres les plus convaincants. Certains n’y ont pas manqué comme Pierre de Giac à Châteauguay le mal nommé, ou Mandrin à Rochefort-en-Novalaise. Le poète a dit – en l’occurrence Omar Khayyam ! – que les chemins de l’amour sont pavés de chair et de sang. Il en va de même pour ceux de l’Aventure. Quels que soient leurs motivations, leurs buts, leurs passions, ils les mènent tous à une mort violente, souvent par la main du bourreau.

Que leurs aspirations soient nobles, généreuses ou viles, voire sordides, les Aventuriers en arrivent tous au même point. Qu’ils se battent pour la liberté comme Spartacus, la fidélité au Roi comme Georges Cadoudal et Maison Rouge, l’amour comme Jeanne de Clisson, l’ambition jusqu’au délire satanique comme Gilles de Rais et Pierre de Giac, ou pour satisfaire leur cupidité comme Jeanne de La Motte ou Marion du Faouët, ils ont marqué leur temps d’une trace sanglante qu’ennoblissent parfois les rayons de la gloire, mais qui restera gravée dans la mémoire des hommes et sur les pages d’un livre comme celui-ci.
Autre point commun : ils ne sont jamais ennuyeux.
Tout au moins je l’espère, mais le verdict appartient à ceux dont les regards vont courir tout au long de ces lignes.
Alors ? Mes vœux vous accompagnent. Bonne lecture ! JB
 





Grandes Dames et petites vertus / Elles ont aimé
Réédition du livre de 1978 /Elles ont aimé 2002

Avant-Propos de Juliette BENZONI

Par droit de naissance ou par mariage – parfois les deux ! – elles furent de grandes dames que les feux de l’Histoire ont éclairées à maintes reprises. Intelligentes, voir géniales comme Germaine de Staël, très belles ou pas du tout, aucune n’a manqué de ce miracle, ce don du Ciel – ou de l’Enfer ! – ce rien impalpable et envoûtant que l’on appelle le charme et dont rêvent celles qui en sont dépourvues parce qu’il vaut mieux que la beauté et soumet plus efficacement les hommes.

Ce sont eux qui, dans leurs vies, ont joué le rôle principal, car l’Amour fut toujours leur grande affaire aux dépens de ce que l’on nommait jadis la « vertu » joyeusement jetée par elles au vent de leur fantaisie. De la morale et des convenances elles ne se sont souciées, les exigences de leur corps leur paraissant plus importantes, surtout lorsque le cœur y avait part.

L‘homme – indispensable partenaire ! – fut rarement le maître. Parfois la victime, parfois le bourreau mais qu’importait au fond ? Ces femmes hors du commun ont éclaboussé leur temps de leur éclat et tissé des légendes avec le ruban de leurs cheveux dénoués et les dentelles de leurs chemises.

Perverses, coquettes, dominatrices ou rusées, tendres mais parfois impitoyables ou même féroces, elles ont employé tous les moyens au service de leurs passions.

Elles ont aimé, oui, et beaucoup ! Reste à savoir comment…





Suite italienne
Réédition du livre de 1980 Dames, Drames et Démons /Suite italienne 2006

Avant-Propos de Juliette BENZONI

Italie ! Bien avant de porter l’un de ses vieux noms, elle a occupé mon imagination. Je devais avoir quatorze ou quinze ans lorsque le virus m’a frappée. Cette année-là, André Chamson, alors conservateur du Petit Palais, avait littéralement pillé les musées de la Péninsule, en particulier les Offices de Florence, pour une fabuleuse exposition et, durant des mois, l’Art italien – c’était son titre – a fait courir Paris, la France et une partie de l’Europe du Nord. De Cimabue à Tiepolo – le programme annoncé -, les plus belles œuvres de l’Angelico, d’Uccello, de Botticelli – j’avais un faible pour la Madone à la grenade -, Ghirlandaio, Verrocchio, Vinci, Raphaël, Michel-Ange, Titien, Véronèse, Piero della Francesca sont venus couvrir de leur splendeur les cimaises du palais. C’était un éblouissement que j’ai dû aller contempler une douzaine de fois avec ma mère, mon collège, des amies, des cousins de province, tout ce qui me tombait sous la main pour avoir une occasion d’y retourner. C’était magique !

l ‘histoire de l’art étant développée de bonne heure dans la chère maison chargée de m’orner l’esprit tout en m’enfonçant dans la tête les ingrédients nécessaires à un baccalauréat convenable, je connaissais déjà les principaux de ces peintres, mais isolément. Leur réunion me fit l’effet d’un feu d’artifice et comme d’habitude, je me suis tournée vers l’Histoire afin d’en apprendre un peu plus sur les personnages de ce monde fascinant, inquiétant aussi par ses ombres, ses contrastes. Les chroniques de Stendhal pour la musique et quelques solides historiens pour les paroles, l’Italie de la Renaissance est un opéra fantastique où le sang et la boue servent de fertilisant à l’épanouissement d’une beauté surhumaine renouvelée de la Grèce antique et des raffinements d’une mosaïque de principautés menée par des personnages de contes fantastiques. Parce que cette Italie-là, qui ne porte pas encore son nom, cela s’écrit Medicis, Borgia – des Espagnols pourtant, comme les Aragons de Naples -, Este, Sforza, etc. Tous mécènes hauts en couleur, épris d’un certain art de vivre mais cruels, débauchés, parfois féroces et sans le moindre souci de la vie humaine, à l’image de César Borgia, vénéré de Machiavel, qui en fait « le Prince », mais dont le masque de velours brodé d’or cache les ravages de la syphilis…

Les femmes sont à la hauteur de leur démesure, qu’elles soient victimes ou souveraines. Leur beauté a traversé le temps, en route pour l’éternité, leurs excès un peu moins, mais à soulever le coin du voile des siècles, cette « Suite Italienne » souhaite leur restituer leur réalité humaine en révélant ce qu’ont caché de douleur, de haine ou de résignation les brocarts scintillants de leurs robes.
 




Un aussi long chemin
Réédition du livre (Trévise) de 1983 par Bartillat en 1995 /par Pocket en 2014

Préface de Christian de Bartillat

Juliette Benzoni n’est pas seulement l’amie de toujours et la compagne d’édition. Elle est aussi pour moi un personnage peu commun, une personnalité singulière, tonique et cordiale, à laquelle on s’attache d’autant plus qu’elle est susceptible de vous dérouter. Elle sait aussi bien se dérober lorsqu’on la cherche, et vous reprend au lasso quand on pourrait s’éloigner.
Avec sa chevelure blonde et argentée, ses yeux rayonnants, son visage épanoui, sa silhouette généreuse, elle nous fait penser à ces dames que les peintres du XVIIè siècle faisaient apparaître en Diane Chasseresse dans les galeries de châteaux du Val de Loire.
Cela me porterait à croire que Juliette est une chasseresse de personnages, une véritable cavalière de la plume. Elle enfourche ses livres, et sa plume est un aiguillon. La galopade commence au premier mot, et s’arrête au poteau d’arrivée où se trouve inscrit le mot « faim ». Alors Juliette descend de cheval, et pour peu qu’on soit là au moment où il faut, elle sait vous mitonner devant le fourneau – qui n’est plus celui des rêves et de la sorcellerie – des cuisines moyenâgeuses revues et corrigées par Brillat-Savarin.

Mais le mot fin, signifie aussi commencement : cela fait cinquante fois en trente ans, qu’elle remonte sur son cheval imaginaire, pour conduire dans les châteaux, les masures, les landes et les forêts, ces hordes d’amantes passionnées, de sorcières endiablées, de chevaliers bretteurs et fornicateurs, afin que l’héroïne, entre les moines et les démons, les roublards et les assassins, finisse toujours par avoir le dessus. Dans les écuries de course romanesque, cinquante chevaux piaffent dans l’attente de nouvelles aventures, de nouvelles images. Car Juliette n’est pas seulement la magicienne des mots, elle est aussi et surtout l’alchimiste des images ce qui lui vaut une attention toute particulière des faiseurs d’épopée cinématographique.

Alors que tant d’autres montent et redescendent au gré des modes et des sondages, elle se maintient dans le giron du succès et possède sans l’avoir cherchée, une manne d’adeptes qui ne cesse de l’implorer en disant : « encore une, et vite, s’il vous plait ».
La passion est son lot, et l’Histoire son lieu de référence permanente. La vérité du temps y côtoie sans cesse la vérité du coeur… Et ses romans rejoignent aisément les propos de son professeur de métaphysique, qui dans le pensionnat de jeunes filles en fleurs où séjourna Juliette, terminait ses cours en lisant à ses élèves époustouflées, les romans d’Agatha Christie! Le Bon Père ne savait peut-être pas qu’une de ses élèves saurait un jour mêler les bons sentiments aux terreurs haletantes de ses romans policiers.

Ainsi ses romans imaginaires sont-ils pour toutes les femmes, et ses romans historiques sont-ils de tous les temps. Née dans le monde des petites filles modèles, Juliette sait nous entraîner dans le monde des femmes passionnées. Elevée dans le monde des jeunes filles amoureuses, elle a vécu dans le monde des hommes autoritaires et impitoyables. Aussi puise-t-elle dans sa propre vie, un roman neuf, toujours recommencé.

Avec Un aussi long chemin, j’ai suivi Juliette de part en part. C’est un de ses plus beaux romans, que l’on commence, et que l’on poursuit en demandant à l’auteur de ne jamais terminer.
La belle Marjolaine qui fait mourir d’amour tous ceux qui la rencontrent, suscite la passion d’un de ces hauts barons du Moyen Âge, aussi prompt à courir les femmes qu’il les abandonne, et cette passion, ses flux et ses reflux, suit le chemin de Compostelle, où derrière les protagonistes, se dessine cette épopée médiévale à la fois noble et populaire, divine et mécréante.
Un vrai roman d’époque, qui n’en finit pas d’être présent, un vrai tableau animé qui bouge devant notre regard ébloui. 




Fils de l'Aurore 2007
dans la séries Le sang des Koenigsmark 1. Aurore 2. Fils de l'Aurore

Remerciements de Juliette BENZONI

Je tiens à dire un grand merci à mon éditeur, Xavier de BARTILLAT, et à son  assistante, Judith BECQUERIAUX, qui se sont efforcés de boucher les trous infligés à ma documentation par l'incendie de ma bibliothèque.
A mon ami Vincent MEYLAN qui constitue à lui tout seul une véritable mine de renseignements sur les familles royales présentes ou passées ainsi que sur les joyaux de toutes les couronnes.
Merci, aussi, aux historiens dont les ouvrages m'ont servi de base.
Le duc de Castriens pour Maurice de Saxe
Jean-Pierre Bois pour Maurice de Saxe
Jacques Castelnau pour Le Maréchal de Saxe
Charles.Armand Klein pour Chambord, écrin des folies du maréchal de Saxe
André Castelot pour Les Grandes Heures des châteaux et cités de la Loire
Paul Morand pour Ci-gît Sophie-Dorothée de Celle
Evelyne Lever pour Madame de Pompadour
Jean-Christian Petitfils pour Le Régent
Philippe Erlanger pour Le Régent
Henri Troyat pour Terribles tsarines
Pierre Gaxotte pour Le Siècle de Louis XV
Alfred Fierro et Jean-Yves Sarrazin pour Le Paris des Lumières d'après le plan de Turgot.
La ville de Quedlinburg qui a bien voulu envoyer des photographies.
Enfin, un étonnant écrivain :
Le baron Adrien de Tricornot, lieutenant-colonel de Schomberg-Dragons, dont les Mémoires à peu près inconnus, parce que tirés à quelques rares exemplaires pour la famille, m'ont permis d'offrir à mes lecteurs un pittoresque "reportage" sur le transfert des cendres du maréchal de Saxe, et font de leur auteur l''incontestable ancêtre des guides touristiques. Il pousse même le souci jusqu'à indiquer les distances entre ses différents points de passage tout au long de ses Mémoires.




Les reines du faubourg
Réédition du livre de 2006 Les reines du faubourg /en 2014

Avant-Propos de Juliette BENZONI

Encore le faubourg est-il un bien grand mot ! Souvent c’est la rue, le pavé, le ruisseau même qui les ont vu naître ! Aucune n’éclôt le jour dans la soie ou le velours et les couleurs de la vie que découvraient leurs yeux d’enfants étaient le plus souvent bien grises, parfois même sinistres. Mais toute, à l’exception d’une seule à qui une voix immense en tenait lieu, avaient reçu ce que lord Byron appelle « le don fatal de la beauté ». Une beauté exceptionnelle pour la plupart dont elles usèrent pour survivre d’abord – et dans des conditions parfois sordides ! – puis pour tirer des hommes les moyens de s’ouvrir les chemins de la réussite. Des chemins qui les ont hissés jusqu’au sommet où brille le soleil – pas toujours le même pour toutes d’ailleurs ! – là où coulent des rivières de diamants et où le carrosse de Cendrillon ne redevient jamais citrouille.
Qui, elles ont régné ! Sur les hommes asservis, sur Paris et souvent bien au-delà par la magie de leur éclat joint à une intelligence certaine, à un talent, à un irrésistible besoin de revanche et aussi à la chance. L’une d’elles n’est-elle pas passée d’un tablier de servante à la couronne impériale de Russie ?
Ont-elles été heureuses ? C’est une autre histoire. Les feux de la rampe, les illuminations des fêtes, l’excitation du plaisir et le fracas de la renommée n’ont jamais créé un climat proprice au bonheur. Il est une plante fragile qui s’épanouit souvent dans l’obscurité et le silence. Certaines – pas beaucoup ! – ont réussi ce coup de maître d’une existence heureuse une fois éteints les projecteurs qui les épinglaient au pilori d’une célébrité de bon ou de mauvais aloi comme le papillon sur la planche de l’entomologiste.
Alors enviables ces petites reines sorties de rien ? Peut-être ou peut-être pas. C’est à vous de juger …
 




La Guerre des Duchesses
1. La fille du condamné -
La Dédicace dans l'édition France Loisirs 2014

Dédicace de Juliette BENZONI à ses fidèles lecteurs


Je vais vous faire une confidence, chers amis du Club.
Jusqu'à ce que je rencontre Isabelle, je n'ai jamais rien compris à la Fronde, cette période insensée où « l'ami h'hier devient l'ennemi de demain »
Née sur les marches de l'échafaud oû son père meurt, ravissante et pleine de vie, elle a traversé cette époque de troubles violents, adorée des uns, détestée par les autres, sans jamais abandonner ce qui importait pour elle: sa passion pour Condé, son amour pour son jeune frère et sa fidélité à Louis XIV encore trop jeune pour imposer sa volonté...
Moi j'aime bien Isabelle ! Et vous ?
Chaleureusement ! Juliette Benzoni


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